الصّباح

Il s’agit du premier quotidien de la presse judéo-arabe de Tunisie, lancé par Yacoub Cohen (1872-1914), dès le premier novembre 1904, à la suite de l’abrogation le 2 janvier de la même année du décret de 1897, instaurant le cautionnement pour toutes les publications. Il perdura jusqu’au 14 mai 1940, avant même l’instauration de lois raciales du régime de Vichy en Tunisie en octobre 1940, et ce en dépit du décès de son fondateur le 8 mai 1914. Dès 1891, ayant décroché à l’âge de 17 ans son « brevet » de langue française, il s’engagea dans la rédaction de plusieurs journaux juifs, en lançant durant deux ans l’hebdomadaire En-Nosra et en s’associant par la suite avec Simah Lévy (1868-1922) pour lancer le journal Nacer El-Mouhayyarine (Celui qui assiste les gens perplexes). Cependant, en 1892, il fut engagé comme instituteur de langue française, pendant cinq ans, à l’école de l’Alliance Israélite de Tunis, puis commerçant avec son beau-père, le rabbin Chaoul Houri, dont il épousa la fille Thérèse en 1896. Il regagna encore une fois, en 1898, l’Alliance Israélite jusqu’en 1903, tout en obtenant un diplôme d’arabe et de comptabilité. En 1904, il lança d’abord un hebdomadaire au nom de Es-Schams (Le Soleil), n’en publiant que 41 numéros. Ensuite, il le remplaça par le quotidien Es-Sabah, le 1er novembre de la même année. Malgré la disparition de Yacoub Cohen en mai 1914, Es-Sabah continua sa parution à partir de juin 1914, sous la conduite de Simah Lévy, qui, suite à la procuration de la veuve du défunt, en assura la gérance. Toutefois, cette procuration lui fut retirée en septembre 1915 au profit du représentant commercial Clément Houri, neveu et beau-fils de Yacoub Cohen, pour assurer la parution du journal jusqu’en mai 1940. Yacoub Cohen était un journaliste au vrai sens du terme. Son journal fut un journal d’informations et de politique générale au service de l’ensemble de la communauté juive de Tunisie, ouvrant ses colonnes à toutes les tendances politiques, se bataillant pour promouvoir la situation des juifs tunisiens dans le contexte colonial. Par ailleurs, Yacoub Cohen était un grand érudit, puisqu’il avait traduit et écrit en judéo-arabe plusieurs ouvrages littéraires. Il était aussi un poète et un mélomane, ayant écrit et composé plusieurs chansons populaires, entre autres, selon Daniel Hagège, la chanson « J’ai rencontré deux demoiselles » عرضوني زوز صبايا, chanson reprise par la suite par la Diva tunisienne, Saliha.