De Pallio
(De Pallio)
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(De Pallio)
Juriste de formation, premier auteur latin chrétien africain, Tertullien (vers 160-225) est un écrivain carthaginois. Il s’est montré comme le plus fervent défenseur de sa nouvelle religion. Tertullien passa de la période catholique à celle où il était sous influence montaniste
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Rhéteur brillant et spirituel, avocat, théologien, Tertullien (Quintus Septimius Florens Tertullianus) est l’une des gloires de l’Eglise, et le plus ancien des grands auteurs chrétiens de langue latine. Peu de renseignements sur sa vie privée, il fut très célèbre sous les règnes de Septime Sévère et Caracalla. Né à Carthage vers les années 160, de parents païens, Tertullien resta païen pendant la plus grande partie de sa jeunesse ; il lisait et écrivait le grec aussi facilement que le latin ; il était familier avec toute la littérature hellénique. Sa conversion au christianisme a eu lieu entre les années 19O et 195 ; il fut prêtre de l’église africaine jusqu’au milieu de sa vie, jusqu’au moment où il adopta le montanisme. A peine converti, Tertullien avait mis toute son activité et tout son talent littéraire, juridique et rhétorique au service de sa foi. Ses œuvres sont au nombre de 31 réparties en trois thèmes : contre les païens, polémique, contre les juifs ou les hérétiques et les traités de théologie, de discipline ou de moral). (Thouraya Belkahia)
Considérée comme l’œuvre la plus difficile qui ait été écrite en langue latine, le De pallio, serait l’un des derniers traités de Tertullien. Un beau jour Tertullien renonça à la toge des citoyens romains pour porter le manteau court (pallium) des philosophes grecs, la toge étant un fardeau plutôt qu’un vêtement « on ne se débarrasse jamais avec autant de plaisir que de la toge », dit-il (chapitre V). L’auteur ne souffle aucun mot sur les motifs qui l’ont décidé à cette innovation de portée symbolique, mais affirme, dans une langue digne d’un rhéteur que fut Apulée, s’être conforme au passé et à la nature.
Réduites à conjecturer ces motifs, les opinions divergent quant à ce sujet entre une annonce officielle de sa conversion, une attitude subversive contre Rome et une position envers l’Eglise qui s’affadit dans une morale de compromis, et donc l’urgence de réagir à la façon des cyniques en empruntant leur liberté de parole et leur vêtement.
En mettant le pallium, Tertullien empruntait à la philosophie un symbole de la sagesse et laisse affleurer les cadres intellectuels de sa culture classique païenne. Sa décision correspondait à un désir de mener une vie régie par la simplicité et l’authenticité et traduit la réaction d’un homme seul et inquiet qui prend conscience de sa solitude et son échec. Dans ce traité, comme dans ceux de fin de carrière littéraire ainsi de le De corona, l’Ad Scapulam, le De fuga persecutione, le De monogamia, Tertullien s’était montré de plus en plus intransigeant voire fondamentaliste.
S’il présente aux païens le christianisme comme « un dépassement de la philosophie », le De pallio, œuvre autobiographique et apologie personnelle est très imparfaitement réalisée. Conformément aux dires de Fredouille « loin du triomphalisme de l’Apologeticum, le De pallio a réduit son auteur à l’étroite chapelle des ‘tertulianistes’ ».